La Völva : Sorcière ou Chamane Viking ?

Seul les plus férues de paganisme nordique connaissent vraiment la prêtresse viking. Que représentait cette chamane nordique dans les sociétés vikings ? A t'elle vraiment existé ? Ou est-ce le fruit de la mythologie viking ?

Un tel personnage demande des connaissances accrues du monde viking. Mais  notre équipe ne pouvait pas passer à côté de la plus célèbre prêtresse nordique !

On pourrait considérer la volva comme une simple sorcière de la mythologie nordique, mais elle est beaucoup plus que ça. Véritable gardienne de la divination scandinave et des trois magies qui la caractérise ; le Seiðr, le Spá et le Galdr. La Volva était une arme indispensable pour les Vikings, certains disent même qu'elles étaient en contact avec la déesse Freya.

Nous allons donc voir ensemble :

• L'origine de la Völva
• Ces nombreux pouvoirs magiques
• Les attributs qui la caractérisaient de son vivant
• Les traces quelle à laisser dans l'histoire
• Son rapport à la mythologie viking

Découvrons tout de suite cette mystérieuse sorcière !

l'Origine de la Vövla - La Femme Voyageuse

Une Völva est une femme chamane dans la culture, la religion et la mythologie Norse. Il existe deux orthographes du mot. Vǫlva est l'orthographe du vieux norrois, et Völva est l'orthographe islandaise. Le caractère ö est plus facilement accessible sur les claviers modernes, c'est pourquoi vous le voyez utilisé plus souvent et de manière interchangeable avec ǫ, notamment sur internet. Le mot Vǫlva vient du vieux norrois "vǫlr" qui signifie "baguette". Vǫlva se traduit littéralement par "d'une baguette" et se traduit culturellement par "porteur de baguette".

Dans la société du vieux Nord, le mot "baguette" faisait référence à la quenouille, un bâton de bois conçu pour tenir un paquet de fibres brutes (lin ou laine, par exemple) pendant qu'une femme le filait pour en faire un fil ou un filé. Bien que les femmes et les hommes de la société nordique ancienne aient participé à de nombreuses tâches et responsabilités non liées au sexe, l'art de filer le fil et de le tisser en tissu étaient considérées comme un travail exclusivement féminin, ce qui explique pourquoi les Völva - les praticiens du chamanisme nordique - étaient presque exclusivement des femmes.

Au fur et à mesure qu'une Völva grandissait dans son rôle dans la société du vieux Nord, que la modernité appelle aujourd'hui la sage femme, elle quittait souvent sa famille et ses autres responsabilités domestiques pour voyager de village en village, échangeant ses dons et ses compétences contre diverses formes de paiement, notamment un abri, une protection, de la nourriture et des boissons, ainsi qu'un trésor ou des richesses. Les Völva étaient respectées et vénérées dans la société nordique préchrétienne. D'ailleurs, leurs sites funéraires contiennent des bijoux, des herbes, des chevaux, des chariots et d'autres symboles physiques de richesse et de sophistication culturelles.

Ce n'est qu'avec l'introduction du christianisme en Europe du Nord que les Vǫlur (pluriel de Vǫlva) ont été qualifiés de sorcière, de démons ou de praticiens des arts noirs ; les Vǫlur ont été poursuivis pendant des siècles par les organisations religieuses catholiques et chrétiennes.

En raison du peu de sources d'écriture et de littérature originales en vieux norrois qui survivent aujourd'hui, la représentation historiquement exacte d'une Völva n'existe pas vraiment. Les connaissances dont nous disposons ont survécu grâce aux écrits d'auteurs chrétiens qui décrivent l'ancienne société nordique avec peu de précision et aussi grâce aux sites archéologiques et/ou aux chercheurs qui rassemblent des fragments de tomes ou de parchemins endommagés ou altérés. La société du Vieux-Norse ne s'appuyait pas sur l'écrit pour saisir l'histoire ; c'était avant tout une société de tradition orale, et les sagas, ou récits qui mettent en scène la Vǫlur doivent donc être pris dans leur contexte.

Le concept de la Völva a connu une résurrection dans la société moderne, car les groupes religieux pratiquant le paganisme, la païenneté ou l'Ásatrú ont été officiellement reconnus et se sont vu accorder la liberté d'expression religieuse dans les pays du monde entier par les organisations catholique. Cela dit, il est important de noter qu'une personne qui s'identifie comme Völva - c'est-à-dire un praticien de la spiritualité ou de la magie enracinée dans la tradition nordique - n'a pas besoin de s'identifier comme païen, païen ou membre d'une religion spécifique pour être reconnue dans son rôle tel qu'il existe dans la société moderne.

Le Seiðr : La Magie de la Völva

Le pouvoir de la Völva semble provenir de la pratique de la magie Seidr, ce qui veut dire "lier" en vieux norrois. Ce type de sorcellerie viking était lié aux idées du destin, et permettait à l'utilisateur non seulement de lire le destin et de citer les prophéties, mais aussi dans certains cas de la manipuler.

Ainsi, les Völva étaient avant tout des voyantes et des diseuses de prophéties. Voir l'avenir nécessitait souvent un rituel chamanique qui impliquait un groupe de jeunes filles chantant une invocation spirituelle tandis que la sorcière viking entrait dans une transe chamanique qui lui permettait de communiquer avec les esprits et les dieux. Lorsque l'incantation touchait à sa fin, la voyante était prise entre deux mondes. À ce stade du rituel, la Völva pouvait prédire l'avenir et fournir des prophéties à ceux qui se trouvaient à proximité.

La magie de Seidr permettait également aux Völva de lever des tempêtes, de jeter des sorts d'amour et d'envoyer des cauchemars pour tuer quelqu'un dans son sommeil. On pense également que les Völva étaient capables de prendre une forme animale, utilisant probablement ce pouvoir chamanique pour se battre ou pour parcourir de longues distances.

Les Völva semblent également avoir eu des pouvoirs de guérison. Selon une légende, lorsque Thor a été blessé lors de son voyage à Jotunheim, la Völva Groa tente d'utiliser sa sorcellerie pour guérir la divinité. Les Völvas étaient probablement aussi considérés comme des chamans guérisseurs par les Vikings.

Une Völva pratiquait trois types différents de magie indigène au sein de la société du Vieux Norse :

Seiðr

Aussi appeler rituel chamanique, c'est le nom de la catégorie magique qu'utilise la Völva, elle regroupe deux autres sous magie que nous verrons après. Le Seidr consiste à créer un tissage cérémoniel d'un avenir nouveau ou différent en utilisant la quenouille comme baguette rituelle. Les cérémonies comprenaient des tambours, de la musique, des danses, des concoctions à base de plantes, et souvent plusieurs personnes y participaient. Le rôle d'une Völva était de superviser les préparatifs et de guider la cérémonie jusqu'à son apogée (résultat énergétique) et sa conclusion (résolution communautaire). Le Seiðr comprenait souvent le Spá et le Galdr qui sont deux magie nordique composant le Seiðr.

Spá

Aussi appeler prophétie, était l'art de prévoir le destin qui étaient continuellement tissés dans l'existence par les Norns. Une Völva était impliquée dans l'art de la divination, non seulement en lançant des objets rituels et/ou en lisant les présages, mais aussi en délivrant leurs présages dans un langage que les autres pouvaient comprendre et utiliser.

Galdr

Aussi appeler incantation, était l'art de chanter ou de psalmodier dans le but de changer ou d'influencer un résultat. Une Völva combinait diverses formes de vocalisation, y compris le chant, la chanson, le cri ou le hurlement, avec des mots soigneusement choisis qui rimaient souvent ou formaient ce que nous considérons aujourd'hui comme des strophes spécifiquement mesurées.

Les Attributs de la Völva

Il est probable qu'une sépulture du 9e siècle découverte près de la forteresse circulaire de Fyrkat, à Öland, soit celle d'une Völva. Il s'agissait d'une riche sépulture, la femme étant placée dans un char tirée par des chevaux, ce qui indique qu'il s'agissait d'une personne d'importance. Elle contenait également un bâton en fer de 82 cm de long avec des détails en bronze. Il s'agit probablement du bâton Seidr.

La sorcière viking était finement vêtue d'une robe bleue et rouge, et d'un foulard avec un fil d'or sur le bord. On pense que les chamans Völva, hommes et femmes, utilisaient ces robes aux couleurs vives. La Völva enterrée portait également de nombreuses bagues d'orteil, souvent en argent, ce qui est très inhabituel chez les Vikings et constitue un signe de richesse et de différence au sein de la société viking.

Outre son bâton, elle a été enterrée avec divers autres objets qui pouvaient être des outils de son métier. La Völva avait une broche en argent plaquée d'or qui contenait de la poudre de plomb blanc, une substance toxique qui pouvait être utilisée dans les rituels. Elle avait également une petite bourse contenant des graines de jusquiame vénéneuse, qui, lorsqu'elles sont frottées sur la peau provoque des hallucinations. La Völva a également été retrouvée avec des bols et des os d'animaux, tous susceptibles d'avoir été utilisés dans la pratique de la sorcellerie.

Les Traces de la Völva dans l'Histoire

Certain écrit qui ont marqué l'histoire semble parler des völvas, à l'époque personne ne connaissait vraiment les mystérieuses sorcières qu'elles étaient, mais leur description ne laisse pas la place aux doutes.

Dans le plus grand recueille de la conquête de Gaule, Jules César écrit dans son récit "Commentaires sur la guerre de Gaules" (1, 50) sous Ariovistus (58 avant J.-C.) écrit que "chez les Germains, les matrones avaient l'habitude de prononcer, à partir du sort et de la divination, s'il était opportun que la bataille soit engagée ou non ". Ceci est le plus souvent interprété comme l'utilisation des runes pour lancer le destin. Et pour aller encore plus loin, les runes des völvas étaient taillées dans le bois et souvent peintes d'une couleur sombre. Elles les accompagnaient toute leur vie, dès l'initiation au seidr, jusqu'à la mort de la sorcière.

Tacite parle également de femmes prophètes parmi les peuples germaniques dans son livre Histoires 4, 61 - notamment une certaine Veleda : "Par un usage ancien, les Germains attribuaient à beaucoup de leurs femmes des pouvoirs prophétiques et, à mesure que la superstition se renforçait, même une véritable divinité".

Le mot Völva, (également vǫlva, volu, volve et vala) est un mot sexué en vieux norrois désignant une femme porteuse de " baguette " ou de " bâton ". Il est apparenté au proto-germanique *walwōn, dérivé d'un mot pour "baguette". Parfois, les monikers seiðkona (femme magique) et spákona (femme prophète) leur étaient attachés en fonction des compétences particulières qu'elles apportaient à la communauté.

Les hommes étaient appelés "vitki" ce qui signifie sage-homme, et quand il pratiquait le seidr on les appelait des "seiðmaðr". Cependant, cette activité était prohibée pour les hommes que l'on qualifiait d'ergi, car les personnes les plus compétentes pour pratiquer le seidr étaient les femmes.

Dans la société viking (700 - 1066 ACE), une Völva était une femme qui n'adhérait pas aux "normes" de la société pour les femmes telles que le foyer et la famille. Elle parcourait le pays, parfois accompagnée de jeunes gens (étudiants), et on faisait appel à elle en temps de crise. Elle s'installait parfois sur les marchés pour vendre des prophéties ou des guérisons. Elle avait une autorité immense et était bien payée pour ses services.

Les sources nordiques anciennes présentent les Völva comme des professionnels de haut niveau, des spécialistes de l'histoire et des traditions, des guérisseurs, des utilisateurs de runes, des travailleurs de l'énergie wyrd et des prophètes. L'ère viking devenant plus patriarcale et dangereuse pour les femmes, une Völva s'attachait parfois à une maison aristocratique. On suppose que cela lui conférait une plus grande autorité que la femme du chef de tribu.

Plutôt que d'avoir l'honneur d'accueillir une Völva, la compétition pouvait se développer entre ces femmes de haut rang. L'autorité de la Völva dépendait de sa compétence personnelle et de sa crédibilité. Elle dépendait également du maintien par le foyer des pratiques païennes. Un foyer qui s'était converti au christianisme n'avait guère de chances de compter une Völva sous son toit. Il existe beaucoup de récits sur les rencontres entre des personnes converties et des personnes de l'ancienne religion - beaucoup d'entre elles ne se sont pas bien passées.

Les premières descriptions de ces femmes apparaissent dans des récits romains sur les Cimbres germaniques (peuple celte ou germanique) dont les prêtresses étaient des femmes âgées vêtues de blanc. Elles sacrifiaient les prisonniers de guerre et aspergeaient leur sang, afin de prophétiser les événements à venir. Bien qu'il s'agisse peut-être de prêtresses plutôt que de Völva à proprement parler.

La Légende de la Völva dans la Mythologie Nordique

Selon la légende nordique, les Völvas qui habitait anciennement à Midgard ont probablement appris leur art de la célèbre déesse Freya. Cette déesse de l'amour et de la beauté ne faisait pas partie des dieux Ases, mais de l'autre race de dieux nordiques, les Vanirs.

Alors que les dieux Ases étaient puissants de manière guerrière, il semble que les dieux Vanirs avaient un pouvoir plus doux, plus ésotérique, et étaient maîtres de la magie Seidr, qui est la magie des Völvas. Les dieux d'Aesir et de Vanir ont guerroyé pendant de nombreuses années, mais ont fini par conclure une trêve impliquant l'échange d'otages. Freya était l'un des dieux du Vanir envoyé pour vivre parmi les Ases.

Là, elle enseigna l'art de la magie Seidr aux dieux Ases et aux hommes, ou plutôt aux femmes de Midgard, créant ainsi les Volva. Parmi les dieux Ases, c'est le grand Odin qui devint le maître de la magie des Völvas, le Seidr. Son intérêt pour cette pratique, malgré ses associations féminines, n'est pas surprenant puisqu'il était réputé pour sa soif de connaissances et qu'il était prêt à payer n'importe quel prix pour les acquérir.

Les trois Nornes vivant à la base d'Yggdrasil, l'arbre de vie, étaient surement des déesses Vanir ayant acquis la magie Seidr. Peut-être s'agissait-il d'une autre façon de désigner les puissantes sorcières Volva.

Par essence, une Völva était une femme qui représentait l'influence des dieux sur le Wyrd, ou Destin, dans la société nordique ancienne. La déesse Freya était considérée comme la Völva originelle ; c'est elle qui a introduit la pratique du Seiðr à Midgard (Terre) et les Völva se tournaient vers elle pour être guidées et protégées. Les représentations historiques et mythologiques des völvas montrent qu'elles étaient tenues en haute estime et qu'elles étaient censées posséder de grands pouvoirs.

Le récit le plus détaillé de la völva errante se trouve dans la Saga d'Eric le Rouge où est décrite la visite de Thorbjörg la petite völva. Elle se situe très tard dans l'âge du fer, au début du Moyen Âge, et se déroule dans les colonies du Groenland. Ses riches vêtements, son traitement spécial, les aliments qu'elle mangeait et ses méthodes de communication avec les autres mondes sont décrits. Elle pratiquait la prophétie de haut siège, ce qui a inspiré la reconstruction de cette pratique dans de nombreux coins du monde.

Ravivez la Flamme des Völvas

La mystérieuse sorcière du nord n'est plus un secret pour vous. Finalement elle n'est ni chaman ni sorcière, c'est en fait une pure création nordique à mis chemin entre la mythologie et le réel. Malgré tout, les volva ont belle et bien fait partie de notre monde. Il est donc tant d'honorer la mémoire des légendes de la sorcellerie qui ont contribué aux nombreuses victoires des vikings. Utilisez-vous aussi la magie runique afin de mieux comprendre votre destin ainsi que celui des autres.